Samonios – Samhain : le seuil des mondes

Pour aller un petit peu plus loin, j’ai écrit cet article sur les mythes et légendes autour de Samonios, cette fête lunaire hors du temps, qui est la dernière et la première célébration du calendrier Gaëlique et qui n’en fait pas partie malgré tout! Fête lunaire majeure du calendrier gaélique, elle symbolise le passé, tandis que Beltane représente le présent et Lughnasadh, l’avenir.
Avec la christianisation, cette très ancienne tradition a peu à peu été remplacée par la Toussaint, célébrée le 1er novembre.

🌑 L’Essence de Samonios – un temps hors du temps

Parmi les fêtes du calendrier gaulois, Samonios occupe une place singulière : il ne se situe pas seulement à la charnière des saisons, mais au seuil du temps lui-même.
Les anciens ne concevaient pas cette période comme une simple transition : pour eux, Samonios était un espace suspendu, un entre-deux où les lois ordinaires du monde cessaient momentanément d’exister.

Sur le calendrier de Coligny, Samonios correspond au mois qui marque la fin de la saison claire et l’entrée dans la saison sombre.
Sur le calendrier de Souligny, il est mentionné au deuxième jour d’Atenoux, période charnière entre deux cycles lunaires — moment où l’année ancienne s’achève et où la nouvelle s’ouvre, non pas brutalement, mais comme une respiration cosmique.
Le monde retient son souffle avant que le cycle recommence.

Dans la pensée gauloise, le temps n’était pas linéaire, mais vivant et circulaire.
Chaque cycle devait mourir pour que lParmi les fêtes du calendrier gaulois, Samonios occupe une place singulière : il ne se situe pas seulement à la charnière des saisons, mais au seuil du temps lui-même.
Les anciens ne concevaient pas cette période comme une simple date de transition : pour eux, Samonios était un espace suspendu, un entre-deux où les lois ordinaires du monde cessaient momentanément d’exister.

Cette fête marque l’entrée dans la saison noire, déjà bien installée depuis l’équinoxe d’automne.
La nuit de Samonios est unique : les portes entre les mondes s’ouvrent largement.
On avance entre deux réalités, dans un temps suspendu, où les frontières s’effacent.
C’est le moment privilégié pour honorer les ancêtres, méditer, pratiquer la divination, ou simplement écouter le silence du monde.

Sur le calendrier de Coligny, Samonios correspond au mois qui clôt l’année ancienne et ouvre la nouvelle.
Sur le calendrier de Souvigny, il est mentionné au deuxième jour d’Atenoux, période charnière entre deux cycles lunaires — le moment exact où le temps semble se retenir, entre expiration et inspiration.
Ce passage n’est pas une coupure brutale, mais une respiration cosmique :
le monde retient son souffle avant que le cycle recommence.
Ce laps de temps n’appartient ni au passé ni à l’avenir, ni à la saison claire ni à la saison sombre —
il est le centre immobile du cercle, le point où tout s’arrête pour renaître.

Dans la pensée gauloise et celtique, le temps n’était pas linéaire, mais vivant et circulaire.
Chaque cycle devait mourir pour que le suivant puisse naître, comme la graine qui se décompose dans la terre avant de germer.
Ainsi, le “hors du temps” de Samonios correspondait à une nuit cosmique, un retour au silence primordial, où l’ordre du monde se dissolvait afin de se régénérer.

C’est pour cela que cette période était perçue comme propice à la divination, aux rêves et aux offrandes :
le voile entre les mondes, mais aussi entre les époques, devenait plus mince.
Les ancêtres pouvaient être entendus, les présages lus dans le feu ou dans l’eau.
Le temps des hommes rejoignait alors le temps des dieux.

De nombreux rites accompagnaient cette traversée du seuil :
on plaçait des bougies aux fenêtres, de préférence à l’ouest — direction du couchant et des terres des morts — pour guider les âmes des ancêtres.
On enterrait des pommes dans la terre pour nourrir les esprits en voyage, ou l’on servait un couvert supplémentaire à table pour un proche disparu.
En Bretagne, on déposait une pierre près de la cheminée afin que les ancêtres puissent s’y réchauffer et se reposer.
Un rite irlandais ancien voulait que tous les feux du foyer soient éteints au soir de Samonios.
Les femmes confectionnaient alors des bougies qu’elles offraient à leurs voisines, dans un échange de prières et de bénédictions — tissant ainsi une chaîne de lumière et de protection communautaire.
Ces gestes simples reliaient chaque foyer à la grande flamme du monde, rappelant que la lumière renaît toujours du cœur des ténèbres.

Aujourd’hui encore, lorsque nous célébrons Samonios ou Samhain, nous retrouvons cet espace sacré hors du temps chronologique.
C’est un moment pour ralentir, pour laisser mourir ce qui doit l’être, pour écouter le silence entre deux souffles, et sentir que, dans cet intervalle fragile, le monde tout entier s’apprête à renaître.e suivant puisse naître, comme la graine qui se décompose dans la terre avant de germer.
Ainsi, le “hors du temps” de Samonios correspondait à une nuit cosmique, un retour au silence primordial, où l’ordre du monde se dissolvait afin de se régénérer.

C’est pour cela que cette période était perçue comme propice à la divination, aux rêves et aux offrandes :
le voile entre les mondes, mais aussi entre les époques, devenait plus mince.
Les ancêtres pouvaient être entendus, les présages lus dans le feu ou dans l’eau.
Le temps des hommes rejoignait le temps des dieux.

🔥 Les dieux et déesses du seuil – les forces de Samonios

Si les Gaulois n’ont laissé aucun texte décrivant précisément leurs rituels, leurs symboles et représentations nous permettent d’entrevoir les grandes forces divines qui accompagnaient ce passage entre les mondes.

🦌 Cernunnos, le dieu cerf

Symbole du cycle de vie et de mort, gardien des forêts et des richesses naturelles, Cernunnos veille sur la transformation.
À Samonios, il incarne la puissance vitale qui s’endort pour mieux renaître, et le lien entre les règnes — animal, humain et divin.

🐎 Epona, la cavalière des mondes

Protectrice des chevaux, des voyageurs et des âmes, Epona guide les êtres à travers les passages.
Elle pourrait avoir été invoquée pour accompagner les défunts, mais aussi pour protéger les vivants dans leur traversée symbolique de la nuit hivernale.

💧 Siruona et Borvo, les eaux guérisseuses

Divinités des sources et de la régénération, elles représentent la purification et la renaissance.
Les Gaulois déposaient souvent des offrandes dans les eaux, symbole du retour à la matrice terrestre avant un nouveau cycle de vie.

🌾 Les Matronae, les Mères

Présentes dans toute la Gaule, ces déesses triples personnifient la fécondité, la continuité des lignées et la protection du foyer.
Samonios étant aussi une fête des ancêtres, les Mères étaient honorées comme gardiennes de la mémoire et de la transmission.

🌄 Le Dagda, l’archétype du Père

Connu surtout en Irlande, il trouve sans doute son équivalent continental.
Maître du chaudron d’abondance, il représente la bienveillance créatrice et la renaissance du monde après la nuit cosmique.

Ensemble, ces figures tissent un cercle sacré : la Terre, l’Eau, le Feu, le Souffle.
Samonios, c’est le moment où tout meurt pour tout renaître — où les forces du visible et de l’invisible s’unissent dans le même élan.

Honorer les dieux et déesses de Samonios aujourd’hui

Si les Gaulois rendaient hommage à leurs dieux à travers des rituels communautaires et des offrandes naturelles, nous pouvons aujourd’hui retrouver cet esprit de connexion sans chercher à le reproduire à l’identique.
Honorer ces forces divines, c’est avant tout reconnaître leur présence symbolique dans le monde vivant et leur rôle dans les cycles de transformation.

🕯️ Pour Cernunnos, allumez une bougie ou déposez une offrande au pied d’un arbre, symbole du lien entre les mondes.
Méditez sur le passage de la vie à la mort, sur ce qui en vous s’éteint pour mieux renaître.
Une promenade silencieuse en forêt, attentive aux signes du vivant, est une manière simple et profonde de lui rendre hommage.

🐎 Pour Epona, placez un petit talisman ou une fleur blanche sur un autel dédié au mouvement et à la protection.
Vous pouvez aussi allumer une bougie pour les voyageurs, visibles et invisibles — ceux qui cheminent encore, ou ceux qui ont déjà franchi le seuil.
Elle rappelle que chaque passage se fait avec guidance et douceur.

💧 Pour Siruona et Borvo, offrez de l’eau pure ou quelques gouttes d’hydromel dans un cours d’eau ou une source, en signe de gratitude et de purification.
C’est un geste de retour à l’essentiel : remercier la vie qui circule et demander que les émotions stagnantes se transforment en force vitale.

🌾 Pour les Matronae, déposez du pain, du lait ou des fruits sur votre table ou près du feu, pour honorer vos ancêtres et la lignée des mères.
Évoquez leurs noms, leurs qualités, leurs histoires — ou simplement leur présence bienveillante.
C’est aussi un moment pour bénir votre foyer et affirmer votre lien à la Terre nourricière.

🔥 Pour le Dagda, allumez une flamme ou partagez un repas symbolique — une soupe, un pain, une boisson chaude — dans l’esprit de l’abondance partagée.
Il enseigne la générosité et la sagesse du cœur, la chaleur humaine au milieu de la nuit.

👉 Honorer les dieux aujourd’hui, ce n’est pas rétablir un culte ancien, mais réactiver un dialogue intérieur avec les forces qui rythment encore notre monde : la nature, la mort, la renaissance, la mémoire, la lumière.
En ce sens, chaque offrande, chaque pensée, chaque geste conscient devient un acte sacré — une manière moderne de célébrer Samonios comme nos ancêtres, mais dans notre langage d’aujourd’hui.

Certains chercheurs évoquent également l’existence d’une figure spirituelle nommée Samonios, peut-être considérée comme le Roi des Morts ou le Seigneur de l’Autre Monde.
Bien que son culte ne soit pas attesté archéologiquement, son nom — le même que celui du mois sacré qui ouvre l’année — suggère une dimension divine ou héroïque : celle d’un être gardien du cycle, tenant les clefs du passage entre la vie et la mort.

Mythes et légendes de Samonios

Pour comprendre les mystères de Samonios, il faut élargir notre regard au-delà de la Gaule seule, vers l’ensemble du monde celtique.
Les cultes et les symboles y partageaient une même essence : celle d’un cycle vivant, où la nature, le divin et les hommes étaient unis dans le même souffle.

Dans ces cultures anciennes, Samonios n’était pas seulement une fête du passage : il incarnait une force souveraine, à la fois gardienne et régénératrice du cycle de la vie.
Son nom même pourrait avoir désigné une entité spirituelle — le Roi des Morts, maître des ténèbres hivernales, gardien du royaume de l’Autre Monde (Andounna ou Andounon).
Ce jour-là, il ouvrait symboliquement les portes de son domaine pour permettre aux âmes des défunts de l’année écoulée de rejoindre leur demeure éternelle.
C’était le grand passage, le moment où la frontière entre les vivants et les morts devenait perméable.

Certains chercheurs estiment que Samonios n’était pas perçu comme une divinité malveillante ou infernale, mais plutôt comme un héros ancestral, un roi mythique lié à la régénération du monde.
Son rôle s’inscrivait dans le grand mouvement du cycle : mort, repos, renaissance.

À ce moment de l’année, Lugus (ou Lugh), le dieu solaire et lumineux, atteignait la fin de son règne.
Le Soleil Vieil Homme s’éteignait pour laisser place aux ténèbres.
Dans d’autres traditions, cette mort symbolique est associée à la Déesse Mère, qui, sous ses traits de vieille femme (Cailleach), s’unit à Cernunnos, le dieu cornu, gardien de la forêt et des passages entre les mondes.
De leur union naîtra la lumière nouvelle, qui renaîtra à Imbolc, sous les traits de Brigid, la jeune déesse du feu et du renouveau.

Dans ce grand théâtre cosmique, chaque divinité incarne une phase du cycle :

  • Lugh, le dieu solaire à son déclin ;
  • Cernunnos, gardien de l’ombre fertile et du royaume des morts ;
  • La Déesse Mère, matrice des transformations.

Leur danse symbolise l’alternance du visible et de l’invisible, du vivant et du repos, du jour et de la nuit.
Cette vision du monde, circulaire et sacrée, relie la nature, les saisons et les dieux dans un même rythme.

Dans certaines traditions issues du monde celtique insulaire, cette idée se retrouve à travers le mythe du Roi Chêne et du Roi Houx :
le premier règne sur la moitié claire de l’année, le second sur la moitié sombre.
À Samonios, le Roi Chêne meurt, et le Roi Houx, porteur des ténèbres, prend place auprès de la Déesse.
Leur succession symbolise le retour du temps intérieur, le règne du silence et de la gestation hivernale.

Ainsi, au-delà des récits et des noms, Samonios demeure le grand passage sacré
celui où la lumière se retire dans la terre, où les dieux se transforment, et où les âmes, humaines ou divines, rejoignent leur demeure jusqu’au retour du printemps.

Ainsi, au-delà des récits et des noms, Samonios demeure le grand passage sacré
celui où la lumière se retire dans la terre, où les dieux se transforment, et où les âmes, humaines ou divines, rejoignent leur demeure jusqu’au retour du printemps.

J’ai écrit cet article en tentant d’être claire, sachant qu’il est difficile de trouver des informations fiables sur les fêtes païennes, ces dernières étant transmises depuis des millénaires par voix orale. Je vous partage ma vision des choses, avec mon interprétation, ma sensibilité, mes filtres etc. ! Je vous souhaite un beau moment soutenu par la force de votre clan!

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